top of page

YUE Lingjun chez Tante Martine - Yishu 8 Paris



Suite à sa résidence chez Tante Martine - Yishu 8 Paris, l'artiste photographe YUE Lingjun, expose ses séries de photographies Les Terrains Vagues et Après que le soleil se soit couché ainsi qu'un travail expérimental de "tissage photographique" initié pendant ses deux mois de résidence.


Yue Lingjun, née en 1993 dans le Sichuan et diplômée de l'Académie des Beaux-Arts de Chine et de l'École des Beaux-Arts de Montpellier. Elle est lauréate de plusieurs Prix photographiques dont le Prix Paris I Panthéon -Sorbonne et le Prix d’argent de la création de LIN Fengmian de l’Académie des Arts de Chine.




Un amoncellement d’objets suggère qu’un dîner semble s’être terminé avec fracas. Les verres sont brisés, des mouchoirs trainent sur la nappe, des traces de vin sont visibles dans le fond de la vaisselle sale. Les couverts, les assiettes, les mets ont peut-être déjà été débarrassés, seuls subsistent des débris. Le désordre de la table laisse deviner la nature des activités humaines qui se sont déroulées. De jour comme de nuit, ce dytique photographique, la table du passé et la table du futur, cristallise en un lieu, le temps des réjouissances, des discussions, des disputes... Comme une captation d’un moment d’apogée ou de crise.


L’artiste rend compte de l’atmosphère très particulière laissée lorsque la fête ou les repas de famille, sont terminés. Il y a eu le bruit des conversations et des verres qui s’entrechoquent pour trinquer puis tout le monde a fini par quitter sa chaise, le silence s’est installé. Quand vient la digestion chacun revient à lui-même. C’est dans ces décors d’intérieurs que Yue Lingjun révèle le temps chinois. Lorsque l’être ensemble laisse place à l’extrême solitude, une autre scène apparait.  


Elle parvient à maintenir ce temps flottant, pour accueillir ces apparitions. La beauté trouve refuge dans ce récit déjà terminé. En exposant la scène finale pour nous faire lire la scène intégrale, l’artiste invite à se questionner sur le rôle que nous avons autour de la table mais surtout celui que nous tenons dans le monde.


En observant les photographies Déracinement, La table et la mémoire II et Le rêve de l’arbre aux papillons, le réel dans son irréprochable composition est sur le point de basculer dans l’absurde. Les éléments discordants se multiplient : les plantes se confondent avec des fils électriques, une fleur pousse au milieu d’une tasse, une grande feuille de Buddléia se dessine dans la pénombre de l’appartement de chez Tante Martine, et devient le prolongement du corps de l’artiste songeuse.


La Buddléia, aussi appelée arbre aux papillons, a comme Lingjun, parcouru des milliers de kilomètres, de Chine vers la France pour s’enraciner sur un territoire qui n’était pas le sien.  A l’entrée de l’appartement, l’artiste a d’ailleurs tisser ensemble deux textes : la page Wikipédia de la Buddléia et une page de son journal intime, pour faire coexister deux histoires d’est en ouest, intime et universelle, humaine et végétale.


Dans ces apparitions qui sont en même temps des disparitions, l’exposition Je me lève à l’est et je m’endors à l’ouest, convoque le « phantasma ». Ces éclosions se lisent comme des songes, fantasmes ou fantômes.

Ambrine Lazreug Didier

Comments


Suivez-nous !

  • Facebook - Black Circle
  • Vimeo - Black Circle
RSS Feed

Posts récents

Recherche par Tags

bottom of page