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Prix Yishu 8 Chine 2018



"La maison YISHU 8, où nous nous trouvons, est un lieu très particulier : en effet, ces bâtiments ont autrefois hébergé l’Université franco-chinoise de Pékin, établie ici par Sun Yat-sen en 1920. Qu’il s’agisse de l’inscription « Prospérité populaire, Liberté, Égalité, Fraternité » sur un linteau de porte, ou de la stèle qu’on trouve au sein d’un double-mur, et qui porte le dernier message de Sun – « La Révolution n’a pas encore triomphé. Camarades, poursuivez vos efforts ! » – nous sommes sans cesse sommés, ici, de garder à l’esprit la mission dont ce lieu est chargé depuis plus d’un siècle.


Dans le testament de Sun, il est écrit : « Si le combat révolutionnaire du peuple chinois se poursuit depuis plus de quarante ans, c’est dans le but d’offrir à la Chine la Liberté et l’Égalité. Ces quarante années nous ont clairement enseigné la nécessité, pour atteindre ce but, de gagner à notre cause le peuple chinois, et avec lui les autres nations du monde nous considérant sur un pied d’égalité, afin de lutter côte à côte. » Ces mots incarnent l’essence des sentiments profonds de Sun en ce qui concerne les Chinois, mais aussi l’avenir de son pays ; sa ferveur, comme il incite à poursuivre le combat pour que triomphe un esprit d’unité dans le monde entier et auprès de tous ceux partageant cet idéal, demeure bouleversant aujourd’hui.


Cent ans plus tard, le Prix YISHU 8 est l’héritier de cet esprit. Considérant la nation chinoise « sur un pied d’égalité », ce prix perpétue les idéaux de Liberté et d’Égalité, et promeut l’hospitalité comme le bien public avec une chaleureuse fraternité ; grâce à lui, le testament de Sun Yat-sen gravé dans la pierre y gagne un renouveau de vigueur et de vitalité.


Avant tout, félicitations aux trois jeunes artistes sélectionnés comme finalistes. Les dix-huit artistes nominés par les six présentateurs incarnent, à tous points de vue, les concurrents les plus dynamiques, originaux et pleins de force auxquels ces trois artistes aient pu se mesurer ces dernières années. Leur sélection par les membres du jury, et la possibilité pour eux de voir leurs œuvres captiver le regard du public, constituent de nouveaux jalons d’importance dans cette phase initiale de leurs carrières respectives. Cependant, nous vous prions tous de prêter attentiontout autant au travail des artistes non-finalistes ; en effet, la liste sur laquelle ils figurent est fort précieuse, car elle est le résultat d’une sélection méticuleuse. Ces noms sont autant de graines semées par ce prix au gré des vents du futur.



L’œuvre de Chen Zhe présentée au sein de cette exposition, Toward Evening: Six Chapters, intègre photographie, installation, et vidéo. Elle focalise notre attention sur le crépuscule, ce moment à la fois éphémère et ambigu qui s’insère entre le jour et la nuit, transforme les propriétés de tout espace, et répand le doute. Comment faire l’expérience de cet instant fugace, où s’accomplit l’éternelle alternance ? Comment s’accoutumer au malaise du crépuscule ? Comment prendre conscience, dans un état limite, de la superposition qui s’effectue entre dimensions spatiales et temporelles ? Après une série d’œuvres très fortes sur le thème du masochisme, cette nouvelle série d’allure plus légère est une façon pour Chen Zhe de taquiner les nerfs de son public. Elle y traite des rencontres fortuites et de la survie, du vide et du corps, de la duplication et des arrêts sur image, entre autres contradictions linguistiques, et attend de l’observateur qu’il y apporte ses propres explications.

Bien qu’Ouyang Sulong semble être un artiste prolifique, il ne reste rien, pour ainsi dire, de ses œuvres. Il s’intéresse à la problématique de l’espace en tant que vecteur d’un sentiment de participation corporelle. La nature éphémère et expérientielle de la lumière et de l’ombre constitue le matériau de son travail, et ses doutes vis-à-vis de la concrétude des objets conduisent la thématique de ses œuvres à tendre versles ombres et l’expérience. Par le biais de la plasticité temporaire de l’espace négatif, il redécouvre la nature matérielle – ou plastique – du monde. Dans ses œuvres, Ouyang Sulong considère l’être humain comme une matière vibrante, et se voit lui-même comme un matériau mouvant ; de la sorte, il annule la distinction entre le vivant et le non-vivant. Ses œuvres évoquent une investigation de l’espace fonctionnel de la ville, menée à bien d’une façon corporelle dénuée de point de vue personnel, ce qui les imprègne d’une forme de néo-matérialisme déshumanisé.

Fang Di, qui a longtemps vécu parmi les tribus cannibales de Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous présente une perspective façonnée pendant son exil en terres équatoriales. L’attention qu’il prête au contexte postcolonial et aux cultures des périphéries permet à ses œuvres de saisir avec sensibilité les problématiques migratoires et raciales en ce qu’elles démolissent et écrasent les idéaux individuels, et de révéler ainsi les conflits et contradictions qui surviennent de façon objective entre différentes cultures. Qu’il s’agisse de ses vidéos sur le commerce du sexe et le transvestisme, depuis l’époque de la traite des esclaves jusqu’aux migrations d’Africains vers Canton ; de son travail sur les destructions cathartiques, de la part de jeunes Asiatiques, d’œuvres d’art classiques européennes ; ou encore, de son projet concernant les lieux de paris au sein des communautés chinoises à l’étranger, son œuvre toute entière dépeint nombre d’aspects ignorés et alarmants caractéristiques des flux de population à l’échelle mondiale.


Tel est le résultat final, et aléatoire, des rencontres et des échanges qui ont eu lieu en cette occasion, grâce à YISHU 8 et à tous les membres du jury, que nous remercions. Cet événement, qui s’est déroulé dans un réel esprit d’égalité et de fraternité, nous a permis de converser avec l’Histoire, et de souhaiter tous nos meilleurs vœux de succès aux jeunes artistes chinois."


Fu Xiaodong





MECENE DU PRIX YISHU 8 CHINE

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