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"Le Rêve des Autres", exposition de Julien Des Monstiers, Lauréat 2017 du Prix Yishu 8 Fra

"Assez rapidement, après mon arrivée à Pékin, j’ai eu envi de peindre de grands formats sur le thème des animaux. Mais quoi peindre? Leurs parures, comme autant de motifs hypnotisants? Leurs attitudes? Leur beauté formelle? L’écho de leurs présences dans l’Histoire de la Peinture? Malheureusement je ne suis pas aussi catégorique que cela lorsque je peins… J’aime la liberté totale en Peinture, pouvoir peindre ce que je veux. Je voudrais pouvoir faire un tableau comme on fait un rêve, c’est à dire sans logique préalable, sans choix narratif, sans décider en amont que le résultat devra être plausible ou pas. Nos rêves sont composés comme cela, sans corps, et pourtant solides. Des rêves que nous produisons il ne reste au réveil qu’une mince surface encore intelligible, je crois que c’est la même chose lorsque l’on peint. Je me suis toujours intéressé aux surfaces dans la Peinture. C’est tout ce qu’il reste d’un tableau. La mémoire du monde et celle du peintre y sont figées, quasiment indéchiffrables. Regarder un tableau c’est toujours une enquête, c’est décrypter des hiéroglyphes à la lumière d’une lampe torche. Découvrir un pays, y vivre un peu, c’est pareil. J’ai pendant trois mois arpenté les surfaces de Pékin, ses grandes artères, puis ses trous, ses hutongs, la mémoire de la ville y est dissimulée. J’ai taché de comprendre Pékin, mais pas à la manière d’un visiteur le nez dans son guide de voyage. Je dirait que j’ai découvert la ville comme on analyse un rêve au matin, mais le rêve d’un autre…c’est plus difficile, mais bien plus passionnant. J’ai voulu penser cette exposition comme un lieu intermédiaire, un rêve sans narration, un terrain d’entente. Ce sont des rêves, mais des rêves d’animaux. C’est surtout de la Peinture avec comme prétexte les rêves, mais les rêves des autres."


Julien des Monstiers


En arrivant dans l’atelier d’YISHU 8 pour rencontrer Julien, il n’y était pas, sans doute sorti dans la cour pour faire une pause et fumer une cigarette. Avant même que de se poser sur des toiles déjà commencées, mon regard s’arrêta sur la table et sur un tome des œuvres de Marcel Proust dans l’édition de la Pléïade. Et si toute œuvre se donne à lire ou à regarder à travers d’autres qui la précédent, la présence de cet ouvrage de Proust « le contre Sainte-Beuve et pastiches » m’aura servi de relai et d’instrument optique pour mieux entrer dans les œuvres de Julien. Le travail de Julien est un travail de mémoire, de reprise et aussi d’invention totale. A Pékin, Julien peint, dépeint, repeint, s’arrête, regarde, ressent et fait des pas de côté. La Chine lui aura donné de continuer d’être lui-même tout en ne restant pas le même. Et son œuvre qui interroge l’histoire de la peinture, la convoque, la déplace, elle donne au geste de peindre un sens nouveau. Sa peinture mise à distance par l’histoire, maîtrisée selon une méthode singulière (secret de fabrication ?) brouille les pistes et décontenance le regard. Où sommes-nous ? Sous ses couches, ses motifs et ses images d’animaux, le regard se perd et se laisse hypnotiser. Cette archéologie organique et secrete annonce que la peinture du 21ème siècle ne fait que commencer, et que Julien est assurément l’un de ses acteurs majeurs.

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Christine Cayol Fondatrice de YISHU 8

EVernissage le 9 Septembre 2017

Exposition jusqu'au 11 Octobre 2017

Maison des Arts à Pékin Yishu 8

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