Le jaune est une saison - Retour de résidence de Jonathan Bréchignac chez Tante Martine
- Tante Martine
- il y a 6 jours
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Le lauréat du Prix Yishu 8 pour sa résidence à Pékin a pris soin de choisir sa saison : le printemps. Il espérait poursuivre à travers ces moments de transitions lumineuses où la nature travaille à sa propre émergence, certaines lignes conductrices de son travail. Car Jonathan dialogue avec certains éléments de la nature qu’il observe depuis longtemps, et en lequel il ne cesse de scruter le mystère de la vie. L’artiste observateur et inventeur, dialogue avec les éléments naturels, roches, pierres, minéraux, plantes et aujourd’hui pollens, pour rendre compte de cette intelligence immanente qui préside aux transformations du vivant.
Lorsque l’intelligence interrogatrice de l’artiste rejoint l’intelligence transformatrice de la nature, alors apparaissent des œuvres que l’on peut qualifier de « naturelles »自然, au sens chinois du terme. L’artiste en fait accompagne leur mouvement, il danse avec les éléments sans jamais forcer un geste, ni même une intention. La sensation prime, quelle soit visuelle, tactile, olfactive, gustative, c’est elle qui organise souvent de façon complexe des dispositifs qui vont de la peinture, à la sculpture, aux installations sensorielles.
Et c’est ainsi, par le regard, le toucher et le mouvement, que sont apparues ces toiles au pollen, résultant d’une attente de l’artiste, désireux de travailler ces énigmes naturelles que sont les pollens. « Les pollens sont des fossiles vivants qui permettent de dater des évènements, ils sont fragiles comme la poussière et odorants comme la cire d’un meuble ancien ». A Pékin, l’artiste a pu se procurer (sur le site Taobao) d’importantes quantités de ces pollens de pin d’un jaune vif et presque sonore, qu’il utilise comme un pigment, mais aussi comme un déclencheur, une sorte de diapason qui donne le ton. Ces pollens sont alors répandus sur la toile selon un geste sûr de semeur, puis l’artiste les mouille, les fixe, et les vernis. En ces œuvres magnétiques, les méandres jaunes de la poudre vivante, produit des effets surprenants, auxquels l’artiste assiste, respectueux et méditatif.
Qui travaille ? Qui crée ? Qui signe ? Le travail de Jonathan propose une expérience synesthésique, dans laquelle les formes, les couleurs, les odeurs et les sons travaillent à confondre nature et culture, hasard et préparation. Et c’est ainsi que le gris des hutongs du vieux Pékin, l’intelligence organique des jardins, la souplesse des bambous et la stabilité des pins, sont devenus des compagnons de résidence de l’artiste, et même des amis.
Christine Cayol, fondatrice d'Yishu 8
L’exposition est à visiter, sur rendez-vous, jusqu’au 4 juillet.
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